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chapeau de paille dont il releva le bord, et me le plaça sur la tête à sa façon, en arrangeant avec soin autour de mon front les mèches de mes cheveux. Il en redressa une ici, en rabattit une autre là, et pour juger de l’effet il se reculait un peu en me relevant le menton de ses doigts fins… Il redressa aussi mon fichu de mousseline que le vent avait dérangé… Puis, m’ordonnant de ne pas bouger, il courut cueillir un bouquet de violettes sauvages qu’il épingla à mon corsage. Alors, d’un air triomphant, il me montra à son père en s’écriant : « Regarde comme elle est jolie ! »… J’étais rouge comme une pivoine… J’entendis une foule d’exclamations comme celles-ci : « Splendide ! Admirable ! Merveilleux ! »… J’étais troublée à tel point que je croyais m’évanouir… La forêt dansait devant mes yeux. À la fin, le millionnaire me prit les mains et les serra avec force en disant : « C’est vo venir à New-York ! C’est vo venir avec no ! »… Je n’en pouvais croire mes oreilles ; je restais pétrifiée. Ils parlaient donc tous deux de m’emmener ?… Le père, continuant, moitié anglais, moitié français, me dit combien son fils serait heureux et fier d’emmener là-bas une aussi