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jolie femme, et de montrer à tous ses amis cette belle « fleur des bois » cueillie dans les forêts sauvages du Canada. Il parla de la magnifique maison dans laquelle ils vivent, du jardin enchanteur qui l’entoure, des toilettes, du confort, des voyages, enfin de ces multiples plaisirs que l’argent procure. Il parla abondamment, avec mille gestes, et je voyais que cet homme était sincère. À mesure que je comprenais, des visions de splendeur envahissaient mon cerveau. Je me voyais devenue une grande dame, me promenant dans les allées d’un jardin tout en fleurs, portant une robe éblouissante, entourée de domestiques… J’essayais de m’imaginer autant qu’il m’était possible le luxe inouï qui m’était offert… Cela me paraissait un enchantement, comme dans les rêves, et j’en avais le vertige…

Je restais muette devant tant d’admiration. J’étais paralysée, éblouie… Je partis sans répondre un seul mot, et revins à grands pas vers la maison, tandis que le bouquet de violettes tombait de mon corsage.

Ce soir j’ai voulu revoir l’endroit où Lewis m’a demandée en mariage. La guirlande de feuilles vertes qu’il avait tressée