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tant, elle ne songea à la laisser seule dans sa mansarde. Cela était une chose impossible. La pauvre bête, affolée par l’ennui, pourrait avec ses sabots éparpiller les fagots en flamme, mettre le feu au logis et y brûler vive. Ou bien, quelque méchant voisin — elle en connaissait — ayant vent de son absence, viendrait peut-être la lui enlever pour toujours. Un frisson d’horreur la secouait toute quand elle pensait à ces choses. Non, non, elle ne voulait pas de ces inquiétudes atroces. Elle emmènera sa compagne avec elle jusqu’à l’église. Là, elle l’attachera sur le seuil, près d’une porte entrebâillée, où ses grands yeux pourront apercevoir l’Enfant merveilleux couché sur la paille.

La nuit de Noël était enfin venue. Un ciel bleu, d’un bleu uniformément sombre, s’étendait sur les plaines et les cimes toutes blanches. Les sapins des forêts, droits et calmes, ressemblaient à des légions de moines noirs marchant dans la lumière. En haut, quelques étoiles s’accrochaient aux arbres dont les branches retombaient sous le poids des dernières neiges. Tout autour, les montagnes dormaient.

Flavie et sa compagne s’en vont, l’une