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il à la tâche journalière, à cette rude besogne qui brise le corps et flétrit le visage ; en vain, de l’aube au soir et souvent du soir au matin, portait-il toujours le fardeau de plus en plus lourd à ses épaules courbées. Son travail acharné ne pouvait vaincre le sol rebelle et la vie était très dure et mauvaise.

Plus tard, quand ses fils grandis purent apporter le secours de leurs bras, l’habitant tenace se remit à espérer en des jours meilleurs. La glèbe revêche s’ouvrait, peu à peu dominée par la force de ces défricheurs. Mais, hélas ! le pauvre père, épuisé, tomba alors malade d’un ulcère cancéreux qui lui ravageait le visage. En proie à la plus grande torture, cet homme robuste devint en peu de temps l’ombre de lui-même.

Un médecin consulté dit : « C’est un chancre, c’est malin. Mais un séjour à l’hôpital et une opération vous guériront. Allez, mon ami, ne tardez pas ! » Le malheureux « habitant » décida donc de prendre sous peu le chemin de l’hôpital le plus proche, où les chirurgiens arrêteraient ce mal terrible qui le rongeait.

L’automne approchait avec ses feuilles séchées, ses vents frais et ses forêts nues.