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LE DISPARU.

mon cher ? Faut-il arranger ça tout d’suite ?

— Oui, ce sera mieux en cas qu’il mouille. Mais laisse-moi faire, je suis capable tout seul.

La vaillante femme s’obstina d’un air résolu.

— Non, non, j’vas t’aider. Les enfants dorment. Y a que l’Gros qui est dans sa chaise ; il va nous regarder faire. »

En effet, comme elle parlait, le rideau de la fenêtre était soulevé par une longue main pâle, et en même temps un petit visage souriant apparaissait, nez à la vitre, un visage souriant et triste… Celui qu’ils appelaient l’Gros était un garçon de douze ans, chétif, rachitique, aux deux jambes paralysées. Son beau visage souverainement pâle était illuminé par de grands yeux noirs d’une douceur incomparable. Toute son apparence était douloureuse, et sa voix elle-même était maladive. Quelqu’un de leur entourage l’avait d’abord surnommé l’Gros, moitié par taquinerie, moitié par ironie, puis, à la fin, l’étrange surnom lui était resté.