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LA PETITE SŒUR ANNE.

rustiques et les cierges près du Tabernacle. C’est elle qui versait l’huile dans la lampe du sanctuaire, et qui préparait l’encens pour le Saint Sacrifice de la messe.

Tous les matins, levée avant l’aube, elle étendait sur l’autel la nappe soyeuse tissée d’or, disposait les candélabres aux fines ciselures, allumait les cierges, dépliait l’étole et la chasuble. Ses mains blanches et pures mettaient tout en ordre, prêtaient aux plus humbles choses une beauté nouvelle et illuminaient tout ce qu’elles touchaient. On aurait cru qu’elle avait des ailes, tant elle était vive et légère, et tant ses pas étaient silencieux dans les blancs corridors…

Hélas ! tous savaient que son père était un mécréant, un vieillard impie que n’allait jamais à l’église et injuriait les choses saintes. Longtemps, il avait refusé à sa fille la permission d’entrer au couvent, mais, peu à peu, devant la patiente douceur de son enfant, il s’était adouci, puis à la fin, il lui dit : « Vas-y donc puisque tu le veux, mais promets-moi de sortir du couvent et de