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LÉGENDES GASPÉSIENNES.

Mais les bandits le découvrirent, et guettant les voyageurs, ils les égorgeaient la nuit avec leur couteau. Puis, ils envahirent les contrées voisines et pillèrent maisons et granges. Ils se construisirent près d’une rivière, avec des pierres arrachées aux montagnes, un moulin à vent dont les ailes noires tournaient, la nuit, avec un bruit d’enfer… C’est là que le blé volé aux fermiers d’alentour était moulu et mis en farine. Le grain de la terre nourricière, par une ironie singulière, devenait le pain de ces misérables…

Ils forgèrent eux-mêmes avec une rage diabolique, les barres de fer avec lesquelles ils murèrent les fenêtres de leur taudis. La terreur populaire ajouta des tableaux fantastiques à la sombre réalité. Plusieurs affirmèrent avoir vu Lucifer lui-même gardant la porte de cette affreuse retraite avec une lance de feu. D’autres croyaient que c’était là le vrai lieu de l’enfer…

Le plus jeune des quatre misérables était le fils d’un homme très estimé dans le pays. Sa mère, femme pieuse et distinguée, était en proie à la plus