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UN CŒUR FIDÈLE

de joie ! Elle mettait une douce obstination à se souvenir de celui que la mort lui avait enlevé, mais voilà que maintenant, en face de l’homme qui l’avait tant aimée, elle était étonnée de se trouver si heureuse…

Que vous êtes puissants, parfois, ô lointains souvenirs ! Voilà que le passé lui apparaissait vivant comme autrefois, rayonnant, joyeux et pur, et Jean Beaulieu était là qui la regardait, portant en lui son long, son fidèle martyre, implorant d’elle enfin le bonheur qu’elle lui avait jadis refusé. N’avait-il pas mérité d’être heureux, cet homme dont l’amour avait résisté à tout, dont la pensée, plus forte que la vie, plus forte que la mort, s’était nourrie de regrets et de larmes ? Non, elle ne pouvait pas, elle ne devait pas le laisser partir… Et la