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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

tous les divertissements d’usage, il préférait la solitude au fracas du monde, et jamais il ne s’approcha de la cour de Louis XIV, dans laquelle affluait toute la noblesse du royaume.

Pendant ce long espace de temps, deux faits frappèrent les gens du pays. Le premier fut que le marquis fit enceindre de hautes murailles la caverne où son fils avait été trouvé mort. On y pratiqua une porte épaisse en fer dont il garda devers lui les quadruples clefs. Le second fût que tous les ans, au jour anniversaire du crime commis sur la jeune victime, le marquis se rendait tout seul sur le théâtre de ce forfait, où il veillait pendant la nuit jusqu’au lendemain.

Cette conduite, loin de nuire à ce seigneur, le montra sous un plus beau jour. Il paraissait nourrir une douleur profonde et invétérée de la perte irréparable qu’il avait faite,