Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome I, 1838.djvu/307

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
301
souvenirs d’un fantôme

même église, le même réfectoire ; me serais couché, levé sans différence d’une minute ; aurais porté le même habit, chanté les mêmes psaumes, recommencé la même procession ; et le soleil et la campagne, rien n’aurait varié pour moi. Autant vaut être l’horloge à laquelle le moine obéit plus qu’au damp abbé, parce que l’aiguille commande dans sa course régulière, tandis que le moine dans la sienne obéit toujours.

Voleur, j’étais libre…, libre… À Grandselve, terre d’église, on a quelque fois entendu parler de la liberté, on se dit : Où est-elle ? et autour de soi on ne la distingue que parmi les voleurs. Je tenais à être libre ; or, je me fis voleur. L’homme d’armes ne l’est pas encore, moins le serf du baronnage ; les bourgeois croient l’être, mais n’est pas bourgeois qui veut : j’avais seulement des épaules larges, des bras musculeux, des mains de