Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome I, 1838.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
326
souvenirs d’un fantôme

j’étais capable, soit en tempérant l’impétuosité de mon regard : j’y réussis ; elle m’examina avec moins d’inquiétude ; je lui dis, pour achever de la tranquilliser, que j’étais un riche vavasseur de Narbonne, en tournée de chasse et de visite chez des nobles du pays, dont je savais les noms, et lui demandai qui elle était : elle ne m’en fit pas un mystère ; je sus que la belle fille se nommait Annette ; que son père, vassal du seigneur de Nissan, avait une certaine aisance ; qu’elle habitait en ce moment auprès d’une tante, dont la maisonnette s’élevait au revers de la colline ; et que, soir et matin, elle venait à la fontaine emplir sa dourno (sa cruche).

La conversation continua : Annette me paraissait plus aimable que toutes les femmes dont jusqu’alors je m’étais approché : mon heure d’aimer était peut-être venue. Je me mis donc à aimer la jeune fille, et j’y trouvai