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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

suivre Sylvestre, lui faire des niches et l’embrasser tendrement.

C’était une insensée, et pourtant elle était charmante ! Comme elle se dessinait avec grâce, chacun de ses mouvements séduisait, chacun de ses gestes parlait à l’ame.

Elle atteignit sa quinzième année, Sylvestre entrait dans sa vingt-quatrième. On ne parlait que de lui et d’elle ; de lui pour l’envier, d’elle pour la plaindre. Les gars de la contrée commençaient à chuchoter sur les œillades significatives que la fille du baron lançait à l’humble villageois. Elle cherchait toujours des prétextes pour lui parler ; et cependant qu’elle était fière ! Son père, haut seigneur, avait trente vassaux à tourelles et lui portant sa bannière carrée. La damoiselle Olinde aurait pu choisir entre les chevaliers des environs, et l’on ne pouvait plus douter qu’elle ne fût sérieusement