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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

fut-il dans son lit, qu’une fièvre impétueuse venant à le dévorer, il fut livré au délire le plus pénible, et ses gens, le lendemain matin, le trouvèrent singulièrement affaibli.

Ce ne fut qu’avec une peine extrême qu’il put se lever, et quand il se montra au salon avec le reste de la famille, chacun demeura frappé de sa pâleur et de son air de souffrance ; mais c’était en vain que le ciel voulait l’éloigner de l’inceste ; plus une intervention naturelle se manifestait, plus les obstacles augmentaient, et plus la passion de Raoul était exaltée. Ce malheureux, possédé par un démon qui ne le laissait pas respirer, formait à tout instant de nouveaux plans et craignait de les mettre à exécution, ne peuvant perdre le souvenir des prodiges qui s’étaient manifestés à lui durant la nuit où il avait voulu enlever l’orpheline. Un pouvoir cruel en même temps lepoussait vers le crime.