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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

tendait sa main tremblante à celui qui déchirait son cœur.

Sylvestre ne répondit que par le silence ; mais il fut tellement expressif, que la jeune fille comprit tout ce qu’il lui cachait. Elle poussa un cri…, un cri déchirant, se jeta impétueusement dans la chambre d’où elle venait de sortir, en ferma la porte sur elle, et, depuis ce moment, elle disparut à tous les yeux, sans laisser aucune trace, et sans qu’on pût savoir comment elle avait quitté la maison. Ce fut un incident étrange, inexplicable qui épouvanta la vieille femme, persistant à voir là dedans la conséquence d’un sortilège. On dit que Sylvestre, qui s’attendait à soutenir de rudes combats, se montra presque heureux de cette fuite mystérieuse : l’ambition l’avait perdu ; fier du mariage superbe qu’il allait contracter, il se voyait déjà le maître et le seigneur des compagnons