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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

je ne vous mettrai guère en dépense, car je suis en jeûne perpétuel et je ne couche que sur la paille ; un fagot de branches de saule me servira d’oreiller. » La maison de Jacquelin, petite et modeste, était habitée par lui seul ; il alluma la lampe, offrit au bon prêtre un vieux fauteuil en bois de mélèze recouvert en cuir noir, le seul qu’il y eût dans la chambre et prit pour lui une escabelle qu’il tira de dessous la table ; il voulut laver les pieds à son hôte qui s’y opposa ; il voulut aussi l’engager à renoncer pour ce soir à son abstinence accoutumée ; mais l’homme de Dieu fut inflexible et ne mangea qu’un morceau de pain et une poignée de noix, but de l’eau, puis, après avoir fait la prière en commun, alla s’étendre dans un coin de la chambre, enveloppé dans une couverture de laine, sur le lit qu’à l’avance il avait commandé. Les étoiles, par leur position respective, annon-