Page:Lamothe-Langon - Souvenirs d'un fantôme - Chroniques d'un cimetière, Tome II, 1838.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88
SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

où nous reposions ; elle avait eu peu de chemin à faire pour répondre à l’appel premier de Grimani, et quand elle fut près de nous, je fis un signe, et quelqu’un s’approcha pareillement. Alors je recommençai mes accusations. Le fantôme se défendit, mais sa mauvaise foi était manifeste, il avait trompé la vie avec les moyens de la mort. Je sortis aisément, du doigt de Grimani, la bague qu’aucun effort humain n’avait pu arracher jusque-là, je la jetai sur terre et demandai impérieusement que la nôtre nous fût rendue. Le spectre se tordait les bras, il hurlait mélancoliquement, car sa dernière heure était venue ; je le touchai du pentacle où le grand et triple nom est écrit ; la bague du noble Génois roula sur le gazon, et son épouse répudiée ne présenta plus à nos yeux qu’un tas d’ossements brisés et de chairs à moitié pourries. Celui qui était là en juge