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SOUVENIRS D’UN FANTÔME.

min de peau humaine : « Si tu as autant de courage que tu peux posséder de beauté, tu laisseras ouverte la fenêtre gauche de ta chambre, de minuit à une heure ; sois sans crainte, je n’ai aucun pouvoir de te faire du mal. Satan. » Surprise d’une telle missive et plus encore de la signature, elle regarda la lettre comme une plaisanterie et en eut vraim ment du dépit, à tel point elle était avide d’échanger sa physionomie commune et sans expression pour une toute gracieuse et animée. Cette nuit donc, elle ne se coucha pas, et, comme minuit sonnait à l’horloge de la paroisse de Saint-Étienne, elle ouvrit la fenêtre indiquée et se mit à regarder le ciel. Il était sombre, et de fréquents éclairs l’illuminaient ; le tonnerre grondait dans le lointain et le vent soufflait avec violence. Il convient de dire que, quoique la chambre ne fût qu’au second étage, l’élévation en était excessive, et