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XCVIII

FEMME SAUVAGE.



Un lettré avait une femme d’excellent caractère, les deux époux s’aimaient tendrement. Ils avaient aussi une servante qui les aimait beaucoup. Un jour la servante alla dans la montagne ramasser du bois ; elle trouva une grande caverne obscure dans laquelle ses regards ne pouvaient pénétrer, les pierres qu’elle y jeta roulèrent avec un bruit sourd.

Elle revint à la maison et raconta à ses maîtres ce qu’elle avait vu. Ceux-ci lui dirent de les mener à cette caverne. Arrivés sur les lieux, ils restèrent à regarder ; mais par malheur la femme glissa et tomba dans l’abîme. Le mari fut saisi d’effroi ; il alla tout de suite arracher des lianes et les jeta au fond afin qu’elle put s’y cramponner et remonter, mais les jours passèrent sans qu’elle reparut.

Le mari resta à pleurer et à se lamenter près de la bouche de la caverne pendant un an. Enfin, ne voyant pas revenir sa femme, il s’en retourna chez lui avec la servante, mais il passait sa vie dans la tristesse et ne voulait plus entendre parler de se remarier.

Un jour la servante revint à la montagne pour ramasser du bois. Elle entendit du bruit dans un arbre et vit sa maîtresse dépouillée de ses vêtements et le corps couvert de poils comme une bête sauvage. Elle fut saisie à la fois de joie et de crainte.