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Ils s’enfuirent tous, qui d’un côté qui de l’autre. Un seul resta, qui, peu ingambe, avait roulé par terre. Ouand plus tard on lui demandait comment il n’avait pas eu peur et ne s’était pas enfui comme les autres : « Ce n’est pas la peur qui me manquait, répondit-il, mais les jambes. »

Quant au mandarin, lorsqu’il entendit le tapage il voulut ordonner à ses hommes d’y courir, mais sa femme lui demanda pourquoi il leur disait de sortir. « Je croyais, ma bonne amie, répondit-il, que tu voulais aller te promener et je leur ordonnais de t’accompagner. » Ainsi fut déjoué le dessein des hommes de ce village, et les femmes restèrent maîtresses.

Quand les supérieurs ne font pas leur devoir, les inférieurs causent du désordre.



Un mandarin militaire avait peur de sa femme. Ses collègues lui en firent honte et lui dirent que pour la terrifier il n’avait qu’à se présenter devant elle à la tête de ses troupes. Le mandarin fit donc un jour irruption dans le logis, suivi d’une nombreuse escorte « Qu’est cela ! » s’écria la femme irritée. Le mari à sa vue sentit tomber tout son courage. « Ne te fâche pas dit-il ; je les mène à l’exercice, et comme en passant, j’ai eu soif, je suis entré pour boire un verre d’eau.