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XXII

VOLEURS.



Une femme intelligente avait épousé un nigaud. Un jour elle lui donna de beaux habits pour se rendre à une fête. En passant devant une auberge le mari qui était monté sur un cheval s’adressa à un vagabond et lui demanda s’il le trouvait beau dans son habit de fête. « Sans doute ! dit l’autre, mais tu ne sais pas encore le faire valoir. » Ce nigaud le supplia de lui montrer comment il devait faire. Le vagabond lui dit : « Descends de cheval, donne-moi tes habits, et je te montrerai. » L’autre y consentit. Une fois sur le cheval le vagabond lui fit faire un ou deux tours et piqua des deux. Ce fut en vain que le mari attendit son retour. Il dut rentrer chez lui revêtu des habits du vagabond.

Sa femme le reçut fort mal. Ensuite elle s’occupa de recouvrer les objets perdus. Elle envoya donc son mari à la découverte, et, quand celui-ci eût trouvé le voleur assistant à une représentation théâtrale, elle prit un bracelet, une seule boucle d’oreilles et deux ou trois bagues et alla auprès du théâtre. Là elle se pencha sur un puits et, quand elle vit le vagabond sortir, se mit à pleurer amèrement. Celui-ci lui demanda ce qu’elle avait. « C’est, dit-elle, qu’en me lavant j’ai laissé tomber dans ce puits un bracelet, une boucle d’oreilles et quelques bagues. Si ces bijoux étaient à moi ce ne serait rien, mais je viens de