Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/160

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larié ait manifestement pour effet d’accroître son gain ; le salarié qui est aux pièces travaille plus que celui qui est payé à la journée. Enfin il faut tenir compte aussi des conditions proprement économiques, soit de l’entreprise particulière où le travailleur est engagé, soit d’une manière générale du pays où il vit. Un entrepreneur se livrera avec d’autant plus d’ardeur à son travail qu’il aura plus de confiance dans l’heureux résultat de ses efforts, et qu’il lui sera possible d’espérer des bénéfices plus considérables. On a remarqué que dans les colonies, le travail était toujours plus énergique que dans les métropoles : c’est qu’il y a dans les colonies plus de places à prendre, plus de choses à créer, c’est que les récompenses sont plus hautes qui y attendent les hommes actifs et audacieux.


4. Le travail associé. La division du travail.


77. Lien avec ce qui précède. — Dans les pages précédentes il a été parlé de ces conditions de l’efficacité du travail qui se trouvent chez le travailleur. Nous allons parler maintenant d’une condition qui augmente elle aussi cette efficacité, mais qui est extérieure au travailleur : à savoir le fait que ce travailleur se trouve associé, pour la production, avec d’autres travailleurs.

À dire vrai, l’opposition que nous établissons ici a quelque chose d’un peu artificiel. Les conditions subjectives qui viennent d’être examinées sont sous la dépendance, comme nous avons eu occasion de l’indiquer plus d’une fois, de causes extérieures. Et pour ce qui est de la collaboration des travailleurs, d’une part les bons résultats qu’elle donne ne sont obtenus que grâce à l’intelligence de ceux qui l’instituent et qui l’organisent ; et d’autre part, ces résultats consistent en grande partie dans l’accroissement de certaines des qualités subjectives du travailleur. Il n’en est pas moins utile, et même nécessaire, de consacrer une étude particulière à cette collaboration des travailleurs, envisagée objectivement.

78. Le travail associé. Première forme. — La première forme de la collaboration des travailleurs est celle qui se présente quand plusieurs travailleurs unissent leurs efforts pour obtenir un certain résultat. Il n’y a pas vraiment collaboration quand dans un atelier un certain nombre d’ouvriers sont employés simultanément à des besognes identiques, chacun d’eux par exemple conduisant un métier : car alors ces ouvriers sont indépendants les uns des autres, ce ne sont que des unités juxtaposées. Mais il y a collaboration quand quatre, six ouvriers soulèvent une poutrelle ; il y a collaboration, peut-on dire encore, quand des ouvriers, pour transporter un chargement de briques d’un point à un autre, font la chaîne et se lancent ces briques de l’un à l’autre. Et l’on sait que cette collaboration de plusieurs travailleurs