Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/116

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arrivera-t-il qu’il ne veuille d’aucun de ces travaux : car il pourra arriver que pour aucun d’eux la rémunération ne paie le labeur. Le fait aura d’au tant plus de chances de se produire que notre individu sera plus riche : plus nous sommes riches, moins une somme donnée que nous pouvons gagner par notre travail nous est utile. On verra plus tard que cette proposition doit tenir une place dans la théorie du profit de l’entrepreneur.

Pour un genre de travail, maintenant, qui a été choisi, si toutes les heures sont rémunérées au même taux, il y aura une durée de la journée de travail qui sera plus avantageuse que toutes les autres. À mesure que la durée de la journée de travail s’allonge, l’utilité du gain diminue : la disutilité du labeur, au contraire, augmente sans cesse. C’est à cette durée précise au bout de laquelle les deux courbes se rencontrent qu’il convient au travailleur d’arrêter sa journée. L’arrête-t-il avant ? son gain sans doute lui est plus utile que son labeur ne lui coûte ; mais il a la possibilité d’augmenter l’utilité de celui-là d’une quantité supérieure à celle dont il augmenterait la disutilité de celui-ci. Que si, au contraire, il la prolongeait au delà du point que nous avons dit, l’utilité du gain total dépasserait long temps encore la disutilité du labeur total : mais l’excédent de l’utilité sur la disutilité serait diminué.

Il est à remarquer, toutefois, que dans la plupart des professions, le travailleur n’a pas la possibilité de régler à sa guise la journée de travail. Les usages, les nécessités qui résultent de l’organisation de la production l’obligent à s’accommoder d’une durée déterminée. Il s’ensuit une réduction du bien-être général qui certainement n’est pas de peu d’importance[1].


2. L’intérêt de l’individu par rapport à une période[2].


50. La règle. — Par rapport à un moment donné, ou à une période considérée comme un tout indivisible, l’intérêt de l’individu est, d’une part, de chercher à faire aussi grand que possible l’excédent de l’utilité obtenue par le travail sur la disutilité du labeur, et, d’autre part, de faire égales les utilités marginales de chaque sorte de dépense. Quel sera notre intérêt par rapport à la suite de la durée, par rapport à une période que l’on regardera comme divisible ? La solution à donner à cette question nouvelle est tout à fait analogue a la solution qu’a reçue la question précédente. Pour porter notre bien-être à son maximum dans un moment donné, c’est un équilibre des différentes consommations, en quelque sorte, qu’il s’agit de réaliser, et en même

  1. Voir H. Stanley Jevons, Essays on economies, IV, pp. 180-183.
  2. Voir Landry, L’intérêt du capital. Paris, Giard et Brière, 1904. chap. 2 et 3, passim.