Page:Landry, Manuel d’économique, 1908.djvu/306

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est menacé, etc. ; sans parler de ces cultures que l’on fait en serre, et qui permettent d’obtenir dans les pays du Nord ce que produisent naturelle ment les contrées les plus favorisées sous le rapport du climat, ou mieux encore. Mais dans l’ensemble, tous ces efforts ne diminuent que d’une manière assez peu sensible l’importance de la loi que nous indiquions. Cette loi continue à dominer la technique agricole, et elle a de grandes conséquences aussi, notons-le en passant, au point de vue proprement économique : car la variabilité des conditions météorologiques fait que les récoltes de l’agriculture, à la différence de ce qu’on constate dans l’industrie par exemple, subissent des fluctuations qui même pour une région un peu vaste peuvent être très étendues[1].

2° D’autre part, dans l’agriculture, ce sont des êtres vivants que l’homme cherche à produire. Or, le développement de ces êtres — plantes ou animaux — résulte de l’action de forces qui ne sont pas à notre disposition comme peuvent être les forces mécaniques, physiques ou chimiques. Il y a dans la vie des plantes et des animaux un certain rythme qui est com mandé, pour les plantes surtout, par le rythme des saisons. Et ici encore l’art humain n’est pas sans pouvoir modifier ce qui parait être, au premier abord, l’ordre immuable de la nature. Par des travaux appropriés, on peut retarder ou hâter la croissance des plantes, la maturation de leurs fruits. Ce sont des espèces de prodiges que l’on réalise dans certaines forceries. Mais ces prodiges exigent des dépenses très élevées, et l’on ne peut point songer à les multiplier indéfiniment. D’ailleurs, arriverait-on à obtenir n’importe quelle denrée agricole dans n’importe quelle saison, il resterait toujours, pour différencier l’agriculture de telles autres branches de la production, que le temps, dans celle-là, joue un rôle, en un certain sens, beau coup plus grand, que les opérations successives de la production ne peuvent pas s’y succéder avec cette même rapidité qu’on observe ailleurs.

3° Notons, encore, que la production agricole exige, par rapport à chaque travailleur employé, ou à chaque unité de capital, ou à chaque unité de produit — le produit étant considéré au point de vue de la valeur — , une superficie beaucoup plus vaste que celle qui est nécessaire, par exemple, pour la production manufacturière.

Nous ne développerons pas toutes les conséquences qui découlent des propositions indiquées ci-dessus. Certaines, d’ailleurs, nous sont déjà connues : nous savons que c’est par ces propositions que s’expliquent — pour partie tout au moins — le rôle relativement peu important que les ma-

  1. Dans la période de 10 ans, 1895-1904, pour la France tout entière, le rendement moyen du froment à l’hectare a varié, entre une année et l’autre, de 13,19 hectolitres à 19,81 ; les chiffres correspondants sont, pour l’avoine, 20.10 et 27,53 : le rendement des vignobles à l’hectare a varié entre 15,30 hectolitres de vin et 42.57 (Annuaire statistique 1903 pp. 33’ 34’).