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BOISSONS ALCOOLIQUES
ET
LEURS FALSIFICATIONS

I

Inconnu du public qui lira ou qui ne lira pas ces quelques lignes, je me vois dans une position assez difficile. Si j’avais plus d’expérience, si j’étais moins jeune, il m’en coûterait moins de faire connaître publiquement les résultats d’un travail qui intéresse le public tout autant que moi-même. Mais si l’âge, si l’expérience, etc., me manquent, il est une chose qui ne me fait pas défaut et qui peut suppléer avantageusement, aux yeux de mes lecteurs, à ce que l’on serait en droit de me demander dans des circonstances différentes de celles où je me trouve placé aujourd’hui. L’approbation de ceux qui m’ont ouvert les portes du temple de la science ; voilà ce que j’ai maintenant. Voilà ma recommandation, et je ne doute pas qu’elle est plus que suffisante pour m’assurer à son tour l’approbation du public éclairé.

Mais de quoi s’agit-il maintenant ? Quel est ce travail qui ne doit pas être sans quelqu’intérêt pour le public ? Le titre même de cet écrit l’indique : c’est une analyse, une analyse des différentes boissons alcooliques qui se débitent actuellement dans notre bonne ville de Québec. Tout le monde sait, et personne ne le sait aussi bien que l’épicier, l’aubergiste, tout le monde sait, dis-je, que ces différentes boissons ne sont plus vendues à l’état de pureté. Aux dix commandements de Dieu est venu s’en joindre un autre, ainsi conçu :

Les boissons tu vendras
Falsifiées constamment.
Et pour obéir à ce onzième précepte du décalogue, tout-à-fait inconnu au temps de Moïse, on falsifie, et ensuite… on vend la boisson ainsi falsifiée ; mais ce n’est pas tout. Le public qui paye comme si la boisson qu’on lui vend n’était pas frelatée, finit tout de même par avaler ce que le susdit onzième commandement oblige de faire sub gravi… incommodo.

Une petite anecdote ! Elle vous montrera, ami lecteur, avec quel sang froid, avec quelle candeur on vend les produits sophistiqués. Chargé par le Dr. LaRue, de faire l’analyse des différentes boissons alcooliques, je me mets aussitôt en campagne. J’arrive chez un épicier ; le propriétaire est présent, son commis