Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/251

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les principaux logiciens de notre époque, John Stuart Mill, débute dans son système de logique par deux assertions île Condorcet et de W. Hamilton, qui louent hautement la finesse et la précision des scolastiques, dans l’expression grammaticale des pensées. Mill lui-même admet dans sa Logique différentes distinctions philologiques, qui proviennent des derniers siècles du moyen âge, où l’on a coutume de ne voir qu’un long enchaînement d’absurdités.

Mais l’énigme se résout sans peine, si l’on se souvient que, depuis Hobbes et Locke, un des principaux mérites des philosophes anglais a été de nous délivrer de la tyrannie des mots vides de sens, dans le domaine de la spéculation, et de fixer la pensée plutôt sur les choses que sur les termes transmis par la tradition. Pour atteindre ce but, il fallait reprendre la science étymologique à ses origines et procéder en analysant avec soin les mots dans leurs rapports avec les choses. Or la logique byzantine, développée chez les Occidentaux et surtout dans l’école d’Occam, prépara ce travail par des études préliminaires qui, même de nos jours, offrent encore un véritable intérêt.

Il n’est pas rare d’ailleurs de voir l’empirisme et le formalisme logique se donner la main. Plus nous tenterons ai laisser les choses agir sur nous de la manière la plus simple et à faire de l’expérience et de l’étude de la nature les fondements de notre savoir, plus aussi nous sentirons le besoin de rattacher nos conclusions à des signes précis, au lieu de permettre aux formes naturelles du langage de mêler à nos assertions les préjugés des siècles passés et les notions puériles de l’esprit humain aux premières périodes de son développement.

Il est vrai que la logique byzantine, à l’origine de son développement, n’a pas eu conscience de son émancipation des formes grammaticales : elle essayait seulement de poursuivre, dans ses conséquences, l’identité imaginaire du langage et de la pensée. Celui qui aujourd’hui encore serait disposé