Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/266

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avec le matérialisme soient assez faibles, les principaux humanistes de l’Italie étant pour la plupart platoniciens, on voit cependant avec intérêt un des plus rudes champions de l’humanisme, Laurent Valla, se faire connaître brillamment d’abord par un Dialogue sur le plaisir, que l’on peut considérer comme le premier effort tendant à réhabiliter l’épicurisme (52). Sans doute, dans cet écrit, le représentant de la morale chrétienne finit par rester vainqueur de l’épieu rien comme du stoïcien ; mais l’épicurien est traité avec une prédilection visible, et c’est la un fait important, si l’on songe à l’horreur générale qu’inspirait encore l’épicuréisme. En essayant de réformer la logique, Valla ne se montra pas toujours impartial envers les subtilités de la scolastique ; et, dans son traité, la logique prend une forte teinte de rhétorique ; toutefois son entreprise eut une grande importance historique, comme premier essai d’une critique sérieuse, dirigée non-seulement contre les aberrations de la scholastique, mais encore contre la formidable autorité d’Aristote. Sur d’autres terrains, Valla fut aussi un des chef de la critique renaissante. Tous ses actes prouvent qu’il veut en finir avec le règne absolu de la tradition et avec les autorités inviolables.

En Allemagne, la réforme humaniste, quelle qu’eût été l’énergie de ses débuts, ne tarda pas à être complètement absorbée par le mouvement théologique. Précisément parce que ce pays en vint à une rupture ouverte avec la hiérarchie, le terrain scientifique fut négligé ou cultivé dans un sens plus conservateur qu’on ne l’eût fait en d’autres circonstances. Cette lacune ne fut comblée qu’après des siècles, quand la liberté de la pensée fut restée victorieuse.

Philippe Melanchthon donna résolument le signal de la réforme de la vieille philosophie qui reposait sur les écrits incomplètement connus d’Aristote. Il déclara ouvertement qu’il voulait opérer pour la philosophie, en revenant aux ouvrages authentiques d’Aristote, la réforme que Luther avait opérée pour la théologie en revenant à la Bible.