Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/332

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la découverte. Mais il a contribué à faire admettre l’attraction universelle, en laissant entièrement de côté les conjectures prématurées et obscures sur la cause matérielle de l’attraction et en ne s’attachant qu’à ce qu’il pouvait démontrer, c’est à-dire, aux causes mathématiques des phénomènes dans l’hypothèse d’un principe quelconque de rapprochement, qui agit en raison inverse du carré des distances, quelle que puisse être d’ailleurs la nature physique de ce principe.

Nous arrivons à l’une des époques les plus importantes de toute l’histoire du matérialisme. Pour la placer dans son vrai jour, nous devons ajouter ici quelques réflexions sur les véritables résultats dus à Newton.

Nous nous sommes tellement habitués aujourd’hui à l’idée abstraite de forces ou plutôt à une idée planant dans une obscurité mystique entre l’abstraction et l’intuition concrète, que nous ne trouvons plus rien de choquant à faire agir une molécule de matière sur une autre sans contact immédiat. On peut même se figurer avoir énoncé une thèse éminemment matérialiste quand on a dit : « il n’y a pas de force sans matière » ; et cependant, à travers le vide, on fait agir tranquillement des molécules de matière les unes sur les autres sans aucun lien matériel. Les grands mathématiciens et physiciens du XVIIe siècle étaient bien loin de cette idée. Sur ce point ils restaient encore tous de vrais matérialistes dans le sens du matérialisme antique : ils n’admettaient d’autre action que celle qui s’exerce au contact immédiat des molécules. Le choc des atomes ou l’attraction à l’aide de molécules crochues, c’est-à-dire une simple modification du choc, étaient l’image primitive de tout mécanisme et la science entière tendait vers la mécanique.

Dans deux cas importants, la loi formulée par le mathématiques avait devancé l’explication physique : dans les lois de Kepler et dans la loi de la chute des corps, découverte par Galilée. Ces lois poussèrent donc tout le monde scientifique à se demander anxieusement quelle était la cause, naturel-