Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/336

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centripètes comme des attractions, « quoique peut-être, si nous voulions employer la langue de la physique, elles dussent être appelées plutôt des chocs (impulsus(62). » Bien plus, lorsque le zèle de ses partisan s’égara jusqu’à voir dans la pesanteur la force fondamentale de toute matière, ce qui éliminait toute autre explication mécanique par le choc de molécules « impondérables », Newton se vit forcé, en 1717, dans la préface de la deuxième édition de son Optique, de protester formellement contre cette théorie (63).

Avant même que cette dernière déclaration de Newton eût paru, son grand prédécesseur et contemporain Huyghens affirma qu’il ne pouvait croire que Newton regardât la pesanteur comme une propriété essentielle de la matière. Le même Huyghens soutint catégoriquement, dans le premier chapitre de sa dissertation sur la lumière, que, dans la véritable philosophie, les causes de tous les effets naturels doivent être expliquées par des raisons mécaniques (per rationes mechanicas). On voit maintenant la connexion de ces idées, et l’on comprend que même des hommes comme Leibnitz et Jean Bernouilli aient repoussé le nouveau principe. Bernouilli s’obstina à rechercher si, dans les théories de Descartes, on ne pourrait pas trouver une construction mathématique qui satisfît pareillement aux faits (64).

Aucun de ces hommes ne voulait séparer la mathématique et la physique, et, au point de vue de la pure physique, ils ne pouvaient comprendre la théorie de Newton.

Ici se présenta la même difficulté qu’avait rencontrée la théorie de Copernic et cependant ce cas différait de l’autre en un point essentiel. Il s’agissait, dans les deux cas, de vaincre un préjugé des sens ; mais, en ce qui touche le mouvement de rotation de la terre, on pouvait finalement recourir à ces mêmes sens pour se convaincre que nous éprouvons un mouvement relatif et non absolu. Néanmoins il fallait ici accepter une théorie physique qui contredisait et contredit encore au-