Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/36

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savoir démonstratif ? Alors le matérialisme renaîtra toujours pour détruire ces audacieuses spéculations, et satisfaire le besoin d’unité de l’esprit par la synthèse qui dépasse le moins les données de la réalité et de la démonstration. »

Mais que la reconnaissance due à ses bienfaits ne nous fasse pas oublier « qu’il est, indépendamment de son insuffisance théorique, pauvre en excitations, stérile pour l’art et la science, indifférent ou égoïste dans les rapports sociaux ».

La métaphysique du matérialisme n’est donc pas celle de Lange.

Si nous cherchons définir la métaphysique de notre auteur, il nous en faut chercher les traits épars dans tout son ouvrage. Bien qu’il ne soit pas très-facile de dégager une métaphysique conséquente des affirmations trop diverses de Lange, et de démêler une préférence décidée à travers les témoignages multiples de sa mobile sympathie, l’idéalisme moral et religieux de Fichte paraît bien être le modèle dont il tend le plus à se rapprocher.

En dépit de certaines déclarations sceptiques de sa théorie de la connaissance, Lange ne s’interdit pas plus que Fichte de jeter un coup d’œil sur le monde des choses en soi ; et, soutenu par sa foi morale, de soulever un coin du voile qui nous en dérobe le mystère : « La science n’est pas le moins du monde contrariée dans sa marche conquérante, parce que la foi naïve dans la matière s’évanouit ; et parce que, derrière la nature, un monde infini se découvre, qui est peut-être bien la même chose vue seulement d’un autre côté ; parce que cette autre face des choses parle à toutes les aspirations de notre cœur, et que notre moi y reconnaît la véri-