Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/41

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les services qu’il lui a rendus et les torts qu’il lui a involontairement causés.

Le défaut le plus apparent de l’ouvrage, c’est le manque d’unité.

Ce vice tient sans doute, et tout d’abord, à la nature même du livre, qui n’est purement ni une œuvre d’histoire, ni une œuvre de critique ; qui paraît, dans le premier volume, exclusivement consacré à la justification du mécanisme, à l’apologie du matérialisme scientifique, et qui, dans le second, se montre destiné surtout à mettre en lumière la vérité de la thèse idéaliste, à résoudre le mécanisme en une hypothèse subjective. Il faut reconnaître encore que les additions considérables faites, dans la seconde édition, à la critique des sciences positives, ont troublé, en bien des endroits, l’économie de la composition primitive.

Mais ce ne sont pas seulement des vices de forme que nous avons à signaler dans l’histoire du matérialisme. C’est sur l’incertitude, la confusion, les contradictions trop fréquentes des doctrines mêmes de l’auteur, qu’il importe d’insister particulièrement.

La doctrine critique de Lange repose essentiellement sur l’opposition de la science et de la croyance ; sur la distinction solidement établie et fermement maintenue de la certitude démonstrative et de la certitude métaphysique. Mais, pour être de nature différente, ces deux espèces de certitude sont-elles inégales ? et, dans ce cas, quelle est celle des deux qui nous rapproche le plus de la vérité absolue ? Il semble d’abord, lorsqu’on lit Lange, que toute certitude, toute réalité nous viennent de la science positive. Mais bientôt tout ce monde, si laborieusement édifié par la science, et qui repo-