Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/453

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reur aussi naît de l’action, réglée par des lois, des impressions du monde extérieur sur les organes d’une personne et réciproquement. L’erreur est, non moins qu’une notion meilleure, le mode et la manière dont les objets du monde extérieur se projettent pour ainsi dire dans la conscience de l’homme. Existe-t-il une connaissance absolue des choses en soi ? L’homme en tout cas ne paraît pas la posséder. Mais s’il existe pour lui une façon de connaître supérieure, conforme à l’essence de son être, vis-à-vis laquelle l’erreur ordinaire, bien qu’elle aussi soit une façon de connaître, déterminée par des lois, doit être cependant appelée erreur, c’est-à-dire déviation condamnable de ce mode supérieur de connaissance : n’y aurait-il pas également un ordre fondé sur l’essence de l’homme et méritant mieux que d’être placé simplement au même niveau que son opposé, le désordre, c’est-à-dire un ordre, divergent et tout à fait antipathique à la nature humaine ?

Quelque prolixe que soit le style du Système de la nature, où l’on trouve de fréquentes répétitions, il n’en renferme pas moins plusieurs thèses complètes, remarquables les unes par leur énergie et leur solidité logique, les autres particulièrement propres à mettre vivement en lumière les limites étroites dans lesquelles se meut la conception matérialiste de l’univers.

Tandis que de la Mettrie, avec un malin plaisir, se faisait passer pour cartésien et affirmait, peut-être de bonne foi, que Descartes avait défini l’homme une machine, en lui concédant une âme inutile, uniquement pour ne pas déplaire aux prêtres (Pfaffen), d’Holbach, au contraire, accuse principalement Descartes d’aroir soutenu le dogme de la spiritualité de l’âme. « Bien qu’avant lui on se figurât l’âme comme spirituelle, il fut pourtant le premier qui érigea en principe que l’être pensant doit être distinct de la matière, d’où il conclut ensuite que ce qui pense en nous est un esprit, c’est à-dire une substance simple et indivisible. N’eût-il pas été