Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/478

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nuances. Motif de plus pour renouveler la comparaison ! On compare, on examine, on rassemble des anecdotes ; et, sous l’influence du mouvement d’idées bienveillant et sympathique pour tous les êtres, qui distingue la culture du siècle dernier et surtout le rationalisme, on s’achemina de plus en plus vers l’idée que les animaux d’espèce supérieure étaient des êtres d’une très-proche parenté avec l’homme.

Cette tendance vers une psychologie générale et comparée qui embrassait l’homme et l’animal, aurait pu être très-favorable en soi au progrès du matérialisme ; mais l’honnête logique des Allemands se cramponna aussi longtemps que possible aux dogmes religieux ; elle ne pouvait nullement se faire aux procédés des Anglais et des Français qui ne se préoccupaient en aucune façon des rapports de la foi et de la science. Il ne restait qu’à déclarer les âmes des bêtes non-seulement immatérielles mais encore immortelles comme celle de l’homme. Leibnitz avait frayé la voie à la théorie qui admet l’immortalité de l’âme des bêtes. Il fut suivi, dès 1713, par l’Anglais Jenkin Thomasius, dans une dissertation sur L’âme des bêtes, dédiée à la diète germanique ; le professeur Beier de Nuremberg fit précéder cet opuscule d’une préface où il s’exprime pourtant d’une manière un peu équivoque à propos de cette question d’immortalité (98). En 1742 se forma une société d’amis des animaux qui publia, durant une série d’années, des dissertations sur la Psychologie des bêtes, toutes essentiellement conçues d’après les théories de Leibnitz (99). La plus remarquée avait pour auteur le professeur G.-F. Meier ; elle était intitulée : Essai d’une nouvelle théorie sur l’âme des bêtes et parut à Halle, en 1749. Meier ne se contenta pas d’affirmer que les bêtes avaient des âmes ; il alla même jusqu’à émettre l’hypothèse que ces âmes passent par différents degrés et finissent par devenir des esprits absolument semblables à l’âme humaine.

L’auteur de ce travail s’était fait un nom par sa polé-