Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/532

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Kirchmann : « D’ailleurs l’être qui a la vie en puissance n’est pas celui qui a perdu son âme, mais celui qui possède son âme ; il faut dire plutôt que la semence et le fruit sont un tel corps en puissance. » Ici Aristote cherche à prévenir l’objection très-juste que, d’après son système, tout homme devrait naître d’un cadavre complet auquel tiendrait se joindre entéléchie. Il peut assurément affirmer avec raison que le cadavre ne s’y prêterait plus, parce qu’il ne constitue plus un organisme parfait. Au reste on se demande si Aristote a poussé sa pensée aussi loin ; (voir à ce propos la note de Kirchmann) ; mais alors on ne pourrait plus citer aucun cas où le corps vivant et « en puissance » serait distinct du corps vivant réellement, et c’est pour cela qu’Aristote recourt à la semence et au fruit. Il semble que l’opposition établie par lui trouve ici une apparente justification, toutefois ce n’est qu’une apparence, car la semence et le fruit sont aussi déjà animés et ont une forme appartenant à l’essence de l’homme. Cependant si l’on voulait dire, en prenant la distinction de la forme et de la matière dans le sens relatif indiqué par le texte : l’embryon a certes la forme et par conséquent l’entéléchie de l’embryon, mais relativement à l’homme entièrement développé, il n’est que possibilité et par conséquent matière, ce serait plausible pour qui ne regarderait que les extrêmes sans presque faire attention à l’acte de la réalisation. Enfin si l’on veut s’arrêter à considérer ce dernier et le suivre dans le détail des applications, cette fantasmagorie se perd dans le néant, car il n’est pas probable qu’Aristote ait voulu dire que le jeune homme est le corps de l’homme fait parce qu’il en est la possibilité.

33 [page 189]. Sans doute l’Église combattit la séparation de l’anima rationalis d’avec les facultés inférieures de l’âme ; le contraire fut même érigé en dogme au concile de Vienne en Dauphiné, l’an 1311 ; mais on voyait renaître sans cesse la théorie plus commode et plus conforme aux idées d’Aristote.

34 [page 190]. Ueberweg reconnaît aussi la contradiction qui existe entre la théorie du νοῦς et celle de l’immortalité[1]. (Voir aussi la note 55 de la Ire partie.)

35 [page 192]. Voir Prantl, Gesch. d. Logik, III, p. 184.

36 [page 193]. Voir, outre Prantl, surtout Barach, pour l’histoire du nominalisme avant Rossellin, Vienne, 1866, où l’on signale un nominalisme très-développé dans un manuscrit du Xe siècle.

37 [page 194]. Ainsi, dans certains passages, Albert le Grand, voir Prantl, III, p. 97 et suiv.

38 [page 194]. La preuve de la corrélation entre la propagation de la logique byzantine en Occident et la prédominance croissante du no-

  1. Grundriss, 4e éd., I, p. 282.