Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/548

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même le « cogito, ergo sum » (comme résultat d’une étude faite sur soi-même !), il méconnaît entièrement la nature de la méthode déductive qui, sur un terrain, peut se régler d’après l’expérience, mais non sur un autre terrain. Descartes lui-même était encore assez clair sur ce point dans l’année 1637 ; aussi réclamait-il pour ses théories physiques une valeur objective qu’il n’exigeait pas pour ses spéculations transcendantes.

18 [page 249]. Péremptoire est particulièrement le passage suivant du Discours sur la méthode, vers la fin : « Car il me semble que les raisons s’y entresuivent en telle sorte, que comme les dernières sont démontrées par les premières qui sont leurs causes, ces premières le sont réciproquement par les dernières qui sont leurs effets. Et on ne doit pas imaginer que je commette en ceci la faute que les logiciens nomment un cercle : car l’expérience rendant la plupart de ces effets très-certains, les causes dont je les déduis ne servent pas tant à les prouver qu’à les expliquer ; mais tout au contraire ce sont elles qui sont prouvées par eux. »

19 [page 250]. Au comte de Devonshire, Londres, 23 avril 1655. Opera lat., éd. Molesworth, vol. I.

20 [page 251]. Le dogme de l’infaillibilité du pape est combattu par Hobbes[1]. Cette polémique ne forme qu’une partie de la lutte prolongée soutenue contre le cardinal Bellarmin, défenseur de la doctrine des jésuites, qui revendiquaient pour le pape la suprématie sur tous les princes de la terre. Toute cette lutte prouve que Hobbes reconnaissait, dans leur entière gravité, les dangers résultant de cette prétention, dangers qui ne sont devenus manifestes pour tout le monde qu’à notre époque.

21 [page 252]. Schaller, Gesch. d. Naturphil. Leipzig, 1841, p. 82. — Au reste il ne faut pas chercher dans l’ouvrage de Schaller une dissertation approfondie sur ce sujet ; Kuno Fischer apprécie, d’une manière spirituelle et judicieuse, pour l’essentiel[2], Hobbes au point de vue de la morale et de la religion ; toutefois en faisant provenir exclusivement cette tendance de Bacon et en représentant Descartes comme un adversaire, il tombe dans un défaut propre à la méthode hégélienne, qui excelle sans doute à présenter une classification lumineuse, mais emploie trop souvent le glaive pour trancher les questions difficiles. Ajoutez à cela que Kuno Fischer, bien qu’habitué à apprécier finement des faits semblables, n’a pas reconnu la frivolité mondaine qui se cache, chez Descartes, derrière sa soumission respectueuse aux arrêts de l’Église. Hobbes, en fait de religion, n’était pas complètement hypocrite ;

  1. Leviathan, cap. XLII, III, p. 410 et suiv., éd. Molesworth.
  2. Boco von Verulam, p. 393 et suiv.