Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/549

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en tout cas, il se montrait loyal partisan de la religion de ses pères en face du catholicisme ; et dans le même sens aussi, Mersenne et Descartes étaient de zélés catholiques, plus encore que Gassendi.

22 [page 253]. Voici la formule qui établit l’unité de l’État : « Ego huic homini, vel huic cœtui, auctoritatem et jus meum regendi meipsum concedo, ea conditione, ut tu quoque tuam auctoritatem et jus tuum tui regendi in eumdem transferas. » (« J’accorde à cet homme ou à cette assemblée mon autorité et mon droit de me gouverner moi-même, condition que toi aussi tu défères au même homme ton autorité et ton droit de te gouverner toi-même. ») Chacun parlant ainsi à chacun, la foule des atomes devient une unité que l’on appelle l’État. « Atque hæc est generatio magni illius Leviathan, vel ut dignius loquar, mertalis Dei. » (« Et telle est la procréation de ce grand Léviathan, ou, pour parler plus dignement, du dieu mortel. ») — Leviathan, cap. 17, III, p. 131, éd. Molesworth. — Sur l’égalité naturelle de tous les hommes (en contradiction avec Aristote qui reconnaît des seigneurs et des esclaves-nés, voir ibid., cap. 15, p.118.)

23 [page 254]. Tant que l’État n’intervient pas, le bien pour chaque homme est, suivant Hobbes, ce qu’il désire[1]. La conscience n’est que la connaissance secrète que l’homme a de ses actes et de ses paroles ; et cette expression est souvent appliquée à des opinions privées, que l’entêtement et la vanité seuls font regarder connue inviolables[2]. Quand un particulier s’érige en juge de ce qui est bon ou mauvais, quand il croit qu’il y a péché à agir contre sa conscience, il commet un des délits les plus graves contre l’obéissance civile. C. 29, p. 232.

24 [page 255]. Leviathan, c. 6, p. 45 : « Metus potentiarum invisibilium, sive fictæ illæ sint, sive ab historiis acceptæ sint publice, religio est ; si publice acceptæ non sint, superstitio. (« La crainte de puissances invisibles, soit imaginaires, soit transmises par les histoires et acceptées par l’État, constitue la religion ; quand l’État ne les a pas admises, il y a superstition. ») Hobbes ajoute : « Quando autem potentiæ illæ re vera tales sunt, quales accepimus, vera religio. » (« Quand ces puissances sont réellement telles que nous les avons reçues, c’est la vraie religion ») ; mais cette rectification ne sauve que les apparences ; car l’État déterminant seul quelle religion il faut suivre et toute résistance étant politiquement interdite, il en résulte que l’idée de religion vraie est toute relative, et cela d’autant mieux que la science n’a rien à dire en général de ce qui concerne la religion.

  1. Leviathan, c. VI. III, p. 12, éd. Molesworth.
  2. Ibid., c. VII, p, 52.