Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/571

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d’agrandissement de notre cadre, pour ne pas trop grossir notre ouvrage ni l’éloigner de son but réel. En général, on exagère beaucoup l’analogie entre le spinozisme et le matérialisme (à moins qu’on n’identifie le matérialisme avec toutes les tendances qui s’en rapprochent plus ou moins) ; c’est ce que prouve le dernier chapitre de la 3e partie, dans lequel on voit comment en Allemagne le spinozisme put se combiner avec des éléments idéalistes, ce que le matérialisme n’a jamais fait.

45 [page 325]. Voir Hettner, Literaturgesch., t. III. I, p. 43. Quant au fantôme des livres, voir plus haut, la note 22 de la 2e partie, p. 217.

46 [page 325]. Voilà ce que donnait par erreur la 1re édition d’après Genthe et Hettner (III, 1, p. 8 et p. 35). — Je dois à M. le docteur Weinkauff, de Cologne, savant connaisseur de la littérature de la libre pensée, la communication d’un manuscrit qui prouve que le Compendium de impostura fut rédigé, d’après toute vraisemblance, seulement vers la fin du XVIIe siècle. Il est vrai que l’édition la plus ancienne connue porte la date de 1598 ; mais cette date est évidemment feinte, et l’expert Brunet[1] croit que l’ouvrage fut imprimé en Allemagne au XVIIIe siècle. Il est certain qu’en 1716, à Berlin, un manuscrit de l’ouvrage fut vendu aux enchères pour la somme de 80 reichsthalers. Suivant toute vraisemblance, le chancelier Kortholt avait connaissance de ce manuscrit ou de copies dudit manuscrit, qui a dû exister, d’après cela, dès l’année 1680. Toutes les autres éditions sont postérieures, et nous n’avons pas de renseignements positifs sur l’existence d’un manuscrit antérieur. Des raisons intrinsèques portent à croire que cette publication n’eut lieu que dans la deuxième moitié du XVIIe siècle. Le début de l’opuscule (Esse deum, eumque colendum esse) paraît contenir une citation formelle de Herbert de Cherbury ; de plus (comme l’a déjà reconnu Reimann), l’influence de Hobbes semble incontestable. La mention des Brahmanes, Védas, Chinois et Grand Mogol décèle la connaissance des œuvres de Rogerius[2], Baldæus[3] et Alexandre Ross[4]. Ces livres firent connaître les littératures et les mythologies indoue et chinoise et poussèrent à la comparaison des religions. — Au reste l’ouvrage, quoique imprimé en Allemagne, ne paraît pas même être d’origine allemande, car le gallicisme sortitus est (il est sorti), se

  1. Manuel du libraire, Paris, 1864, V., 942.
  2. Indisches Heidenthum, Amsterdam, 1651 ; en allemand à Nuremberg, 1663.
  3. Malabar, Coromandel und Zeylon, Amsterdam, 1672, en hollandais et en allemand.
  4. A view of all religions, London, 1653, livre trois fois traduit en allemand.