Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/109

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des villes où les sciences physiques prirent le plus grand développement fut Berlin, où se fixa en 1827 Alexandre de Humboldt, alors déjà une célébrité européenne. De 1830 à 1840, on vit Ehrenberg, Dove et les deux Rose, l’un chimiste, l’autre minéralogiste, s’y distinguer par leur activité. À eux se joignit Jean Müller, qui, dans sa jeunesse, avait traversé l’école de la philosophie de la nature, mais sans y perdre le sang-froid et l’énergie du savant investigateur. Son Manuel de physiologie (1833) et son enseignement infatigable firent de lui l’initiateur le plus influent par la direction strictement physique qu’il imprima à la physiologie, considérée comme science naturelle ; il fut, à vrai dire, puissamment soutenu par les travaux, encore plus profonds et remarquables surtout par leur précision mathématique, d’Ernest Henri Weber, qui florissait alors à Leipzig. Ajoutez à cela que l’influence française, redevenue très-considérable en Allemagne, poussait les esprits dans la même voie. Les recherches de Flourens, Magendie, Leuret et Longet dans le domaine de la physiologie et particulièrement de la physiologie du cerveau et du système nerveux, firent grande sensation parmi les hommes compétents de l’Allemagne et préparèrent l’apparition ultérieure de Vogt et de MoIeschott. On se plut dès lors en Allemagne, sans y mettre encore la franchise dont on fit preuve dans la suite, à tirer de ces recherches des conclusions sur la nature de l’âme. C’est aussi de France que vint l’impulsion la plus forte pour la psychiatrique ; car rien n’était plus propre à mettre pour toujours fin aux rêveries transcendantes du théologien Heinroth et de ses partisans que l’étude des œuvres de l’éminent Esquirol, qui furent (1838) traduites en allemand. La même année parut aussi la traduction allemande de l’ouvrage de Quételet sur l’homme, dans lequel le savant astronome et statisticien belge s’efforçait de donner une physique des actes humains fondée sur des chiffres.

L’influence la plus notable fut exercée par le mouvement