Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins accessibles, à des professeurs d’une science de second ordre, peut, se vanter d’avoir commencé cette lutte. L’année 1852 apporta, dès son début, les Lettres physiologiques de R. Wagner. En avril, Moleschott signa la préface de la Circulation de la vie ; et, en septembre, Vogt annonça, en publiant ses Tableaux de la vie animale qu’il était temps de montrer les dents à la manie autoritaire qui se regardait comme victorieuse.

Des deux champions de la tendance matérialiste, l’un était un épigone de la philosophie de la nature ; l’autre un ex-régent de l’empire, c’est-à-dire un idéaliste désespéré. Ces deux hommes, qui ne sont pas dénués de la passion des recherches personnelles, brillent cependant surtout par le talent de l’exposition. Si Vogt est plus clair et plus précis dans les détails, Moleschott conçoit et compose mieux ses vues d’ensemble. Vogt se contredit plus fréquemment ; Moleschott est plus riche en formules auxquelles on ne peut en général attribuer aucun sens. — Le principal ouvrage de Vogt, dans cette polémique (La foi du charbonnier et la science), ne parut au reste qu’après le congrès des naturalistes de Gœttingue (1854), qui faillit renouveler pour nous le spectacle des grandes disputes religieuses de l’époque de la Réforme. Au fort de la mêlée (1855), parut Force et matière de Büchner, ouvrage qui fit peut-être plus de sensation et en tout cas souleva des critiques plus vives que n’importe quelle autre publication de ce genre. Nous devons repousser énergiquement les accusations d’immoralité lancées contre Büchner à propos de la première édition de son opuscule ; par contre, nous ne pouvons reconnaître la prétention de Büchner à l’originalité philosophique. Commençons donc par examiner les conditions qu’il veut imposer à la philosophie.

Dans sa préface, après avoir motivé son mépris pour une langue technique en philosophie, Büchner s’exprime en ces termes :

« De par sa nature, la philosophie est un domaine intel-