Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/170

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métaphysique et l’antique et savante idéologie ne reviendraient-elles pas montrer leurs marionnettes et les faire danser de nouveau sur l’emplacement évacué ? L’épouvantail redouté a disparu le naturaliste, qui n’enseigne que ce qu’il sait, a promis de ne prendre aucune part à la représentation. Réoccupons donc joyeusement nos domaines ! On se remet à l’œuvre comme s’il n’existait pas d’étude de la nature, cette dernière n’ayant rien à faire sur le domaine spirituel !

Si de pareils malentendus sont possibles, cela provient en partie de l’habitude profondément enracinée de ne pas définir avec précision le concept de la connaissance, et d’identifier l’acte de comprendre les choses et celui d’en saisir l’enchaînement causal. La faute en doit aussi, sans doute, être attribuée en partie à l’auteur de l’opuscule, moins toutefois à ce qu’il dit qu’à ce qu’il passe sous silence, et finalement à la manière dont il arrache ici un feuillet du livre qui contient la critique de toute connaissance pour le jeter au public sans éclaircissements suffisants sur la connexion du point qu’il traite avec d’autres questions. Il est possible d’ailleurs que l’auteur ne sût pas bien s’orienter sur ce terrain, encore qu’il paraisse ne pas ignorer l’histoire de la philosophie. Nous ne trouvons une explication plus profonde que vers la fin de la dissertation : Du Bois-Reymond se demande (p. 33) si les deux limites extrêmes de la connaissance de la nature ne seraient point par hasard les mêmes, « c’est-à-dire si, comprenant l’essence de la matière et de la force, nous ne pourrions pas comprendre en même temps comment la substance, qui leur sert de substratum, serait, dans de certaines conditions, capable de sentir, désirer et penser ». Voilà un revirement tout à fait matérialiste, qui pourrait suggérer au partisan du criticisme la question suivante si nous comprenions complètement le rapport dela conscience à la manière dont nous concevons les objets de la nature, ne verrions-nous pas alors avec une parfaite clarté