Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/202

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ticien distingue différents ordres d’infiniment petits. Une application de cette théorie était l’hypothèse d’atomes impondérables, qui se trouvent dans les intervalles de la matière gravitante et qui sont regardés comme infiniment petits comparativement aux atomes matériels. Tant que l’on s’en était tenu à la mécanique du choc, c’étaient ces atomes secondaires qui produisaient, d’une part, grâce à leur mouvement, par exemple les phénomènes de la lumière, d’autre part, la gravitation des atomes de premier ordre. Mais dès que fut venue la pensée de l’action à distance, elle s’appliqua logiquement de même aux atomes impondérables, qui exercèrent dès lors leur force révulsive sans aucun choc réel. Ainsi se trouva toute prête l’idée de la constitution de la matière, telle qu’elle s’offrit à Dalton ; car ce n’est pas une innovation essentielle d’admettre, comme on le faisait à l’époque de Dalton, non des atomes de second ordre, mais une enveloppe continue de lumière et de chaleur autour des atomes pondérables. Descartes et Hobbes avaient déjà admis que l’espace est constamment plein et se figuraient tout intervalle entre de grandes molécules comblé par des molécules de plus en plus petites. Au reste, Dalton trouva aussi cette théorie déjà toute prête lorsque, vers la fin du XVIIIe siècle, il fut amené aux idées qui ont donné à son nom une place durable dans l’histoire des sciences.

Il disait, à la suite d’une remarque sur les différents états d’agrégation des corps « Ces observations ont conduit indirectement à une conclusion qui paraît être généralement admise, c’est que tous les corps d’une grandeur notable, liquides ou solides, se composent d’un très-grand nombre de molécules extrêmement petites ou d’atomes de matière, que réunit la force d’attraction, force dont l’intensité varie suivant les circonstances, et qui, en tant qu’elle s’oppose à la séparation des molécules, mérite le nom d’ « attraction de cohésion » en tant qu’elle réunit les molécules dispersées (par exemple celles de la vapeur pour les convertir en