Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vraie, on ne peut se représenter clairement cette étonnante régularité des poids de combinaisons que par un groupement correspondant des atomes. Si, par combinaison chimique, on entend que chaque atome d’une substance se réunit à un ou deux, etc., atomes d’une autre substance, la régularité des poids de combinaisons est parfaitement expliquée et rendue visible. La conclusion immédiate, c’est que la cause des différences de poids des masses qui se combinent doit exister dans chacun des atomes. Si l’on pouvait déterminer lepoids absolu d’un atome, on obtiendrait le poids d’une quantité donnée du corps dont il fait partie, en multipliant le poids de l’atome par le nombre des atomes ou vice versa. On pourrait trouver à l’aide d’une simple division, d’après le poids de l’atome et celui de la masse donnée, le nombre des atomes contenus dans cette masse.

Il importe, en ce qui concerne la méthode et la théorie de la connaissance, de remarquer la vogue immédiate qu’obtint la représentation sensible de Dalton, tandis que la pensée plus spéculative de Richter nuisit à la propagation de ses très-importantes découvertes. C’est surtout l’histoire de la chimie moderne qui montre clairement que l’intuition sensible s’affirme toujours comme indispensable pour nous orienter au milieu des phénomènes et obtient presque toujours de brillants succès, malgré le grand nombre de cas où il a été démontré que tous ces modes de représentation ne sont que des expédients destinés à constater l’enchaînement causal, et que tout essai d’y trouver une connaissance définitive de la constitution de la matière échoue aussitôt contre de nouvelles exigences qui nous forcent de reconstruire de fond en comble l’édifice de ces conceptions.

Bientôt après la victoire décisive de la théorie des atomes de Dalton, de nouvelles découvertes et considérations jetèrent les fondements d’une.importante transformation des idées, transformation qui cependant ne prévalut qu’après avoir été longtemps méconnue. La découverte de Gay-