Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/212

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pouvaient disparaître qu’en faisant provenir de forces révulsives les effets que l’on attribue d’ordinaire au rebondissement réciproque de molécules matérielles ; et ces forces émanent de points déterminés dans l’espace, mais dénués d’étendue. Ces points sont considérés comme les portions élémentaires de la matière. Les physiciens, partisans de cette théorie, les désignent comme atomes simples ».

Malgré le talent avec lequel Boscovich exposa cette théorie, elle ne trouva pas d’écho avant le XIXe siècle ; elle a été adoptée surtout par les physiciens français qui se sont occupés de la mécanique des atomes. En effet l’esprit rigoureux et logique des investigateurs français dut bientôt découvrir que, dans le monde de la mécanique moderne, l’atome joue un rôle très-superuu comme particule de la matière ayant de l’étendue. Quand les atomes eurent cessé, comme chez Gassendi et Boyle, d’agir immédiatement les uns sur les autres par leur masse corporelle, mais obéirent aux forces d’attraction et de répulsion qui s’étendaient à travers le vide et entre les étoiles, l’atome était devenu lui-même un simple agent de ces forces ; il n’avait, — excepté sa substantialité toute nue, — rien d’essentiel qui ne trouvât, dans les forces aussi, sa parfaite expression. Tout l’effet, même l’effet produit sur nos sens, n’était-il pas causé par la force non-sensible établie dans le vide ? Le petit corpuscule était devenu une tradition creuse. On n’y tenait plus qu’à cause de sa ressemblance avec les grands corps, que nous voyons et pouvons toucher des mains. Cette propriété d’être tangible paraissait appartenir aux éléments du sensible, comme elle appartient réellement au sensible lui-même. Mais, examiné de près, l’acte de saisir et de toucher, à plus forte raison celui de voir et d’entendre ne sont plus effectués, d’après la mécanique fondée sur la théorie de la gravitation, par un contact direct et matériel, mais simplement par ces forces tout à fait insensibles. Nos matérialistes tiennent à la molécule de matière sensible, par