Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/214

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signifie simplement que, dans chaque philosophe, Fechner croit voir un homme égaré par les mêmes erreurs dont lui-même a été victime.

En général le conflit entre la philosophie et la physique, tel que Fechner le conçoit, est un véritable anachronisme. Où trouverait-on aujourd’hui la philosophie qui oserait, sous des prétextes quelque peu plausibles, interdire aux physiciens Ieur atomisme ? Il ne s’agit pas ici de rappeler qu’au fond les atomes « simples » de Fechner ne sont plus des atomes et qu’il faudrait strictement ranger parmi les conceptions dynamiques une cosmogonie qui admet des centres de force sans aucune étendue. Le dynamisme, qui a pour point de départ la négation du vide, reçoit aussi de Fechner des concessions telles que ce ne serait plus l’intérêt philosophique, mais un amour-propre étroit, qui l’empêcherait de conclure tranquillement la paix, en tant qu’il ne s’agit que des rapports de la philosophie avec la physique.

Fechner fait bon marché non-seulement de l’indivisibilité des atomes, mais encore, finalement, de leur étendue ; de plus il remarque avec beaucoup de justesse que le physicien ne peut point aller jusqu’à soutenir « que l’espace entre ses atomes est complètement vide, qu’il ne s’étend pas au contraire entre eux une substance fine et continue, substance, il est vrai, qui n’influe plus sur les phénomènes qu’il est à même d’apprécier. » « Le physicien ne parle pas de ces possibilités, qui lui sont indifférentes, parce qu’elles n’ont pour lui aucune utilité. Si elles peuvent rendre des services au philosophe, permis à lui de s’en occuper. Or elles lui serviraient assez, si elles réussissaient à le mettre d’accord avec les sciences exactes. Le physicien n’a besoin des atomes que tout d’abord et non finalement. Si le philosophe commence par concéder au physicien ses atomes, celui-ci peut finir par lui concéder volontiers le plein de l’espace. Les deux concessions ne se contredisent point. » (23).

Non, sans doute ! Tant que l’on séparera les deux terrains