Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/22

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ou faire ressortir des particularités, auxquelles, sans cela, je ne ferais pas attention ; mais il ne peut rien m’apprendre de réellement nouveau. Il y a cependant une science entière, peut-être la plus importante de toutes, dans laquelle on pourrait se demander si les jugements sont synthétiques ou analytiques : c’est la mathématique.

Avant de revenir à ce cas important, il nous faut expliquer brièvement ce que sont un jugement a priori et un jugement a posteriori. Le dernier emprunte sa valeur à l’expérience, mais non le premier. Un jugement a priori peut, il est vrai, être indirectement fondé sur l’expérience, mais non comme jugement, et seulement en tant que ses parties constituantes sont des idées dues l’expérience. Ainsi, par exemple, tous les jugements analytiques vrais sont aussi valables a priori ; car pour faire sortir l’attribut de l’idée du sujet, je n’ai pas besoin d’abord de l’expérience. Mais le sujet lui-même peut aussi, dans ce cas, désigner un objet que je n’ai appris à connaître que par l’expérience. Ainsi, par exemple, l’idée de glace résulte de l’expérience. Or la proposition : La glace est un corps solide, est analytique, parce que l’attribut était renfermé dans le sujet dès la formation de cette idée.

Les jugements synthétiques sont, pour Kant, le champ des recherches. Sont-ils tous a posteriori, c’est-à-dire dérivés de l’expérience ou y en a-t-il, dont la validité n’ait pas besoin d’être dérivée de l’expérience ? Y a-t-il des jugements synthétiques a priori ? La métaphysique prétend élargir nos connaissances, sans avoir besoin, pour cela, de l’expérience. Mais est-ce possible ? Peut-il en général y avoir une métaphysique ? Comment, en thèse générale, les propositions synthétiques a priori sont-elles possibles ?

Arrêtons-nous ici un instant. Des réponses comme cellesci « Par la révélation », « Par l’inspiration du génie », « Par une réminiscence de l’âme, qui se rappelle le monde des idées où elle a vécu jadis », « Par le développement des idées innées qui, dès la naissance, sommeillent chez l’homme