Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/225

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Dans la Circulation de la vie, de Moleschott, un assez long chapitre est intitulé « Force et matière ». Ce chapitre renferme une polémique contre l’idée aristotélique de force, contre la téléologie, contre l’hypothèse d’une force vitale suprasensible et d’autres belles choses ; mais pas une syllabe sur les rapports d’une simple force attractive ou révulsive entre deux atomes, aux atomes eux-mêmes que l’on se figure comme agents de cette force. Nous apprenons que la force n’est pas un dieu donnant l’impulsion ; mais nous n’apprenons pas comment elle agit pour aller, d’une particule de matière, à travers le vide, provoquer un mouvement dans une autre particule. Au fond, nous recevons simplement mythe pour mythe.

« C’est précisément celle des propriétés de la matière, qui rend son mouvement possible, que nous appelons force. — Les éléments ne manifestent leurs propriétés que dans leurs rapports avec d’autres éléments. Si ces derniers ne sont pas aussi rapprochés qu’ils doivent l’être, et si les circonstances ne sont pas favorables, les éléments ne manifestent ni répulsion ni attraction. Évidemment ici la force ne fait pas défaut ; mais elle se dérobe à nos sens parce qu’elle ne trouve pas l’occasion de provoquer le mouvement. Quelque part que puisse se trouver l’oxygène, il a de l’affinité pour le potassium. »

Ici nous trouvons Moleschott plongé dans la scolastique ; son « affinité » est la plus belle qualitas occulta que l’on puisse désirer. Elle réside dans l’oxygène, pareille à un homme qui peut user de ses mains. Si le potassium s’approche, il est empoigné ; s’il ne vient pas, du moins les mains sont là avec l’envie de saisir le potassium. — Ô ravages de l’idée de possibilité !

Büchner s’étend moins encore que Moleschott sur le rapport de la force et de la matière, bien qu’il ait donné ce titre à son ouvrage le plus connu. Citons seulement, en passant, cette assertion : « Une force qui ne se manifeste