Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nant pas un échantillon de son argumentation. « Ainsi, dit le professeur, Adam aurait déjà porté tous les hommes dans ses testicules et conséquemment aussi, par exemple, le spermatozoïde d’où naquit Abraham. Ce spermatozoïde renfermait déjà, tous les Juifs en tant que spermatozoïdes. Lorsque Abraham entendra Isaac, Isaac sortit du corps de son père et il emporta, contenue en lui, toute la série de ses descendants » (47). Le reste des spermatozoïdes non utilisés, que l’on se figurait volontiers comme vivifiés par une sorte d’âme, a donne lieu, cela se conçoit, a des théories bien plus fantaisistes encore, mais qui nous importent peu en ce moment.

Schwann surtout démontra, dans les temps modernes, que le véritable élément de toutes les formations organiques se trouve dans la cellule ; il établit aussi, par une série d’expériences, que, dans la naissance apparente des organismes en vertu de la generatio æquivoca, il faut toujours présupposer l’existence d’œufs ou de cellules de germes. Sa méthode de démonstration passait pour excellente ; mais un de nos matérialistes — Carl Vogt — déclara formellement qu’il la soupçonnait d’être insuffisante, longtemps avant que la vieille polémique se rallumât si vivement en France. Nous empruntons à ses Tableaux de la vie animale (1852) l’ordre des idées de sa critique sagace et profonde :

Les infusoires naissent de la réunion de l’air, de l’eau et de la matière organique. Schwann prit ses mesures pour détruire, dans ces éléments, tous les germes organiques. Si, après les avoir séparés, il se produit néanmoins des infusoires, la generatio æquivoca est démontrée. Il fit bouillir du foin et de l’eau dans un matras, jusqu’à ce que non-seulement tout le liquide, mais encore tout l’air renfermé dans le col du matras fussent chauffés au degré de l’ébullition. On vit qu’il ne naissait pas d’infusoires dans des matras fermés. Si ensuite on laissait l’air atmosphérique