Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pénétrer dans le matras, il naissait chaque fois des infusoires, malgré l’ébullition préalable ; mais quand on ne laissait s’introduire que de l’air passant soit par un tube chauffé au rouge, soit à travers de l’acide sulfurique, soit a travers une solution alcaline, il ne se produisait jamais d’infusoires. On admet que la composition de l’air n’est pas modifiée par les précautions employées. Mais cela n’est vrai qu’approximativement. L’atmosphère renferme, outre l’oxygène et l’azote, « une certaine quantité d’acide carbonique, de vapeur d’eau, d’ammoniaque, peut-être encore beaucoup d’autres matières en quantité imperceptible[1]. Ces éléments sont plus ou moins détruits ou absorbés par les moyens employés, l’acide carbonique par l’alcali, l’ammoniaque par l’acide sulfurique. Le chauffage de l’air doit exercer une influence particulière sur l’arrangement des molécules de l’air. Nous avons en chimie assez de cas où se rencontrent des circonstances qui paraissent très-peu importantes lorsqu’il s’agit d’effectuer une combinaison ou une décomposition. Il est possible qu’il faille précisément une quantité déterminée d’ammoniaque, d’acide carbonique, un certain arrangement ou une certaine tension des molécules de l’atmosphère, pour préparer et achever le processus de la formation d’un organisme nouveau. Les conditions dans lesquelles se trouvent placés les deux matras ne sont donc point parfaitement identiques ; aussi l’expérience ne paraît elle pas entièrement concluante. » Cet exposé démontre en effet l’insuffisance de l’essai de Schwann, et la question reste encore pendante, d’autant plus qu’une série de graves objections défend d’admettre que tous les germes des innombrables infusoires découverts lors de ces expériences, circulent viables dans l’atmosphère. Ehrenberg admettait un partage des infusoires qui, se multipliant en progression géométrique, devaient peupler l’eau au bout de

  1. De l’iode notamment.(Note du trad.)