Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/264

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de Pflüger, le même liquide, pareillement enfermé, fut exposé, pendant des heures, à la température de l’ébullition, et, après le refroidissement, il ne se forma plus de bactéries. Restait donc la possibilité que le liquide renfermât des germes, non détruits par une ébullition de dix minutes, mais ne pouvant résister à une plus longue action de la chaleur (49).

Il faut néanmoins avouer qu’une ébullition prolongée pendant plusieurs heures, a pu détruire d’autres conditions, encore inconnues, de l’existence des bactéries ; rien ne prouve donc, d’une façon positive, qu’il y eût réellement dans le liquide des germes qui se développaient dans le premier cas, et étaient anéantis dans le second. De toutes ces expériences il résulte que la génération spontanée n’est point démontrée ; d’un autre côté, rien n’établit qu’elle soit impossible.

Une nouvelle possibilité de naissances d’organismes semblait se faire jour par la découverte des monères, ces grumeaux de protoplasma informes et dénués de structure, autant du moins que nos moyens d’investigation permettent de le constater ; ces monères se conservent, se nourrissent et se propagent sans posséder d’organes bien déterminés. Hæckel, qui regarde la génération spontanée comme une hypothèse indispensable, bien que non encore démontrée, espère beaucoup, sous ce rapport, d’un être visqueux vivant dans les paisibles profondeurs de la mer. « Il y a même déjà, parmi les monères connues jusqu’à présent, une espèce qui peut-être encore aujourd’hui doit toujours sa naissance à une génération spontanée. C’est le merveilleux bathybius Hæckelii, découvert et décrit par Huxley. » Cette monère se trouve « dans les plus grandes profondeurs de la mer, entre 12 000 et 24 000 pieds, où elle recouvre le fond, partie en forme de cordons et entre-croisements de plasma réticulaires, partie en forme de grumeaux de plasma irréguliers d’une grandeur variable ». — « Ces organismes