Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/292

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Rappelons-nous que nous ayons affaire à de longues périodes, et qu’au commencement de chacune de ces périodes, la tendance générale à la variation a dû atteindre son point culminant. Alors on comprendra aisément qu’à une certaine époque la série des variations effectuées a, pour ainsi dire, déjà fait ses preuves, et ce qui, au commencement de la période, n’a pas abouti à la formation d’une nouvelle espèce, y aboutira de moins en moins, les conditions d’existence restant les mêmes, parce que les formes deviennent de plus en plus distinctes et accentuées. Mais si nous voulons faire régir, du moins exclusivement en soi, par la loi de la conservation des hasards utiles, la période que nous considérons comme la période d’adaptation pour les rapports indiqués, nous voyons surgir de nouvelles objections de différente nature.

Et d’abord nous prenons pour point de départ que la période d’adaptation succède à une rupture de l’équilibre et que, par cela même, elle renferme une plus forte tendance à la variation. Pourquoi donc exclurait-on maintenant tout lien immédiat de causalité entre le changement des conditions d’existence et le changement des formes ? Est-ce que l’on ne réhabilite pas aujourd’hui, et avec raison, Lamarck, pour avoir déduit de causes efficientes immédiates, unies à l’hérédité, toutes les modifications des formes, pour avoir montré, par exemple un organe quelconque grossissant, se fortifiant et se perfectionnant grâce à son fonctionnement répété ? Or ici peuvent agir des forces encore inconnues et multiples, sans que nous soyons réduits à invoquer une intervention mystique du principe téléologique. Fechner admet de plus ici des influences psychiques, et cela sans sortir de la sphère de la conception mécanique de la nature, les phénomènes psychiques étant en même temps des phénomènes physiques.

« Le coq, remarque-t-il, a des ergots, une crinière de plumes, une crête rouge et élevée. On explique les ergots et