Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/293

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la crinière d’après le principe de la lutte pour l’existence : les coqs, dit-on, fortuitement munis de ces appendices, triomphèrent de leurs adversaires par leurs ergots, tandis que la crinière les préservait des morsures ; ils restèrent ainsi maîtres du champ de bataille. Mais on aurait été incontestablement forcé d’attendre longtemps l’apparition de tels hasards, et si l’on pense qu’il faudrait admettre des hasards semblables chez tous les autres animaux, pour expliquer la naissance de ces perfectionnements, la pensée éprouvera le vertige. Je me figure plutôt que, lorsque l’organisation était encore facilement variable, l’effort psychique fait pour frapper vigoureusement l’adversaire dans le combat, pour se garantir de ses attaques, et la colère contre lui, laquelle, encore aujourd’hui, met l’ergot en mouvement, hérisse la crinière de plumes et gonfle la crête ; cet effort, dis-je, pouvait faire naître ces appendices, par une modification convenable des processus de formation, chez les coqs adultes, ou du moins leur en donner le germe de manière à ce qu’ils pussent le transmettre à leurs descendants ; en cela naturellement je ne vois dans les efforts et états psychiques que le côté interne des processus physiques, dont ces transformations dépendaient ; mais je regarde l’action des impulsions psychiques comme unie à celle de l’organe physique qui leur sert de hase par le principe général de tendance vers un état stable, et je n’essayerai pas une explication plus spéciale » (69).

Nous n’apprécierons pas la valeur de cette pensée, nous nous contenterons de faire remarquer qu’il y a certainement aussi peu de motifs pour la rejeter sans l’avoir examinée que pour l’admettre sans preuves. Mais parmi les autres phénomènes difficile sa expliquer par la simple sélection, il s’en trouve un de tout à fait déterminé et d’extrêmement répandu, qui semble nettement, exiger une causalité directe et positive entre la forme et les conditions vitales. C’est l’« imitation » (mimicry), adaptation, chez les animaux, de